Le souffle romanesque de René-Daniel Dubois est aussi généreux que son œuvre est vaste : l’univers dont on ouvrait la Porte d’entrée il y a deux ans se déploie dans un récit brouillant les frontières des époques et de l’espace. Issues de nombreux livres, plusieurs voix, patientes ou fougueuses, s’entrecroisent le temps de dévoiler un motif de cette immense toile dont la trame se révèle sous nos yeux ébahis.

Et que raconte-t-elle, cette histoire ?

Elle raconte l’attente de Keith, sur le toit de la Tour Blanche ; la fuite autour du monde de Donald, qui doit à tout prix empêcher son frère jumeau de rompre un pacte familial ; la mort de Clarence, la nuit où les rats ont envahi Montréal ; les féroces Yeux-du-Ciel et les voltiges d’André pour les éviter ; le fantôme d’un Prix Nobel et sa demeure d’Heidelberg ; et des batailles impitoyables entre puissances millénaires. Elle raconte aussi Steve qui comprend enfin la nature de ce qu’il cherche depuis vingt ans. Elle nous parle de l’émotion d’un vieux paysan japonais dont le fils a inventé la poésie. Elle met en scène un dieu qui traverse les âges pour renouer avec la beauté sur un rocher nu au milieu de la mer, où s’est retrouvée Catherine. Elle montre Anne qui vient déposer sa main sur la joue de Sébastien, avant de disparaître.

Tous ces personnages et tant d’autres encore ignorent pour la plupart qu’ils participent d’un même conte, plus grand que l’amour et la vie : l’histoire de l’humanité, depuis sa création par les dieux anciens, jusqu’à celle qui semble bien proche de se perdre aujourd’hui, faute de croire en ses rêves.