Une enfance mal fermée
RÉSUMÉ
Dans ces calepins d’observateur et de sentinelle, un homme dans la cinquantaine inscrit la durée de son histoire personnelle dans l’histoire de la dure durée humaine. Depuis son poste de patrouilleur des astres et des êtres, Jean-François Beauchemin écoute les bruits du jour à travers les brasillements de sa jeunesse, ceux qui se sont échappés par la barrière d’une clôture mal fermée : devant le chien ami qui meurt, sous le drap de la nuit percé d’étoiles, à l’école de l’enfance et de la famille, sur les routes de l’aventure, comme ouvrier de serre ou mesureur de bois, sous la patte de son chat Scooter, navigateur sur le Pacifique, voyageur à San Diego, à Key West, recueilli sur la tombe de Gaston Miron, dans les rues de Manhattan, sur la table d’opération où la mort s’est approchée de son corps… Au fil d’une interrogation vitaliste, ce questionnement inspiré, intuitif et réfléchi, aux échos animistes et consacré à la splendeur tragique de l’existence devient le paysage inépuisable des révélations quotidiennes. Ce qu’il trouve, à travers l’écriture et le corps physique que cette singulière présence au monde exige et féconde, « c’est le rapport oublié entre la vie, le temps et le mystère inouï de la beauté, c’est la matière la plus secrète du réel, qui est peut-être la poésie ». Et quand l’écrivain frappe à la Grande Porte, c’est pour constater que Dieu s’est aujourd’hui détourné du monde et lassé de nous ou, à tout le moins, lassé de l’attendre, lui… Sans doute est-ce pourquoi il porte, comme un viatique, l’idée de sa fin au bout de sa plume. Il y a dans ces pages un fin saisissement du réel, appréhendé à travers de brefs récits et des escales de réflexion qui ouvrent les portes d’un ermitage salutaire. L’écriture de Jean-François Beauchemin, leste et attentive, filtre à travers les interstices de cette vieille baraque de l’univers d’où nous sortons et où nous finirons tous.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Romancier, poète et chroniqueur du ciel, Jean-François Beauchemin est l’auteur, notamment, du Jour des corneilles, de La fabrication de l’aube et, plus récemment, du Projet Éternité. Ses romans et ses calepins d’observation sont des fenêtres ouvertes sur la conscience de vivre et d’aimer.