Un roman au four
RÉSUMÉ
« La meilleure façon d’écrire un roman c’est une phrase à la fois, je ne suis pas sortie du bois, de l’auberge, de mon putain de bungalow pourri. »
Mariée à un workaholic et mère d’une adolescente victime d’intimidation à la polyvalente, la narratrice voudrait écrire, mais elle est constamment happée par les mille et une tâches quotidiennes : le linge sale qui s’empile, les draps à changer, la toilette à nettoyer, les emplettes à aller chercher, les repas santé à préparer, les légumes à éplucher, à mettre en dés ou en biseaux, les viandes à décongeler, les sauces à touiller, les devoirs de la petite à superviser, les comptes à payer, les médicaments à gérer, la litière de la chatte à changer et rebelote, la lessive, les draps, les sauces, les médicaments, les devoirs de la petite, les comptes et, bien sûr, le poulet à mettre au four, le satané poulet qui poursuit l’écrivaine jusque dans ses rêves où elle se voit enceinte de croquettes.
Comment demeurer un individu créateur quand on est seule à tenir maison et famille à bout de bras ? Quand il y a si peu de reconnaissance pour les écrivains, quand seul le vedettariat semble compter et quand, en plus, il faut courir après des contrats débilitants pour ramener quelques sous à la maison, question de garder cette impression d’être encore un peu indépendante ? Mais elle persiste, l’écrivaine. Jour après jour, elle s’assoit à sa table de travail, se bouche les oreilles pour ne plus entendre les demandes incessantes du mari, de la gamine, de la chatte, du poulet à mettre au four et, comme une Sisyphe des temps modernes, elle se remet à la tâche, pousse son rocher, et écrit.