Professeurs de désespoir
RÉSUMÉ
Nous devenons schizos, mes amis. Dans le quotidien, nous tenons les uns aux autres, suivons l’actualité avec inquiétude, faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver et renforcer les liens. En tant que lecteurs ou spectateurs, au contraire, nous encensons les chantres du néant, prônons une sexualité aussi exhibitionniste que stérile, et écoutons en boucle la litanie des turpitudes humaines. À quoi est dû cet écart grandissant, à l’orée du XXIe siècle, entre ce que nous avons envie de vivre (solidarité-générosité-démocratie) et ce que nous avons envie de consommer comme culture (transgression-violence-solitude-désespoir) ?
«L’homme est bon et mauvais», disait George Sand. «Mais il est quelque chose encore: la nuance, la nuance qui est pour moi le but de l’art.» La littérature contemporaine aurait-elle renoncé à ce but-là?
N. H.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Née à Calgary, au Canada, Nancy Huston vit à Paris. Elle est l’auteure de nombreux romans et essais publiés chez Actes Sud et chez Leméac, parmi lesquels Instruments des ténèbres (1996 ; prix Goncourt des lycéens et prix du Livre Inter), L’Empreinte de l’ange (1998 ; grand prix des Lectrices de Elle) et Lignes de faille (2006 ; prix F...