Dès l’enfance, deux frères sont les seuls à comprendre et à utiliser les mots flûtés d’une langue inconnue qu’ils ont appelée le pawpaw. Ce langage est celui des oiseaux, celui qui sait dire la poésie d’un monde que les humains négligent. Après la mort de leurs parents, les deux hommes demeurent ensemble dans la maison familiale. L’aîné se poste chaque jour devant le grillage de la volière de l’école maternelle du quartier. Peu à peu, la directrice remarque son calme rassurant pour les oiseaux, sa façon subtile de les interpeller, et lui confie l’entretien de la cage. Quant au cadet, qui est régisseur de l’ancienne résidence secondaire d’un riche propriétaire, le jardin de roses, les boiseries des salons et la transparence des baies vitrées sont à la mesure de son attachement pour les lieux de mémoire. Parfois, les frères décident de « partir en voyage ». Valises en main, ils font alors une halte devant la volière et, ravis de pouvoir palabrer avec les moineaux de Java, les bengalis ou les canaris citron, ils oublient dans l’instant tout projet de départ. Un jour pourtant, la tranquillité de la ville semble menacée : un enfant a disparu. Petits oiseaux est un livre magnifique sur les êtres différents et leur douceur salvatrice dans lequel l’inadaptation au monde ne pèse en rien sur le bonheur ; un récit où la solitude conduit à un autre univers, à un repli du temps préservant l’homme de ses absurdes travers, éloignant l’individu de l’humanité égoïste et violente pour retrouver la beauté, la voix du poème, celle des histoires et des chants.