Ma mère a détesté au plus profond de son être les vaches Holstein, le chien qui jappait sans arrêt au bout de sa chaîne, la bouse qui parsemait les champs, la langue des veaux qui s’enroulait autour de ses poignets, la puanteur du tas de fumier, les hommes engagés pour qui elle devait faire les repas et l’odeur de la grange qui s’infiltrait dans la maison quand ses frères et son père entraient le soir, avec leurs bottes pleines de terre. Vivre à la campagne, pour ma mère, signifie vivre dans la misère noire.

Violette voit le jour en 1954 dans une famille de la classe moyenne. Famille où ne sévissent ni violence ni mauvais traitements, mais une grande indigence morale. De la ville à la banlieue, Violette remonte le fil de ses souvenirs, de sa naissance jusqu’à ses vingt ans. Cette cartographie de la mémoire, illustrée par la culture populaire, lui permettra de réfléchir sur le monde. De Papa a raison au retour à la terre, Violette ne s’affranchira pas sans peine des relations familiales. Le roman se clôt sur une rencontre avec son père, une vingtaine d’années plus tard.

Avec cette histoire, Lise Vaillancourt nous donne à lire le Québec des années 1950 à 1970, ce Québec qui s’ouvre sur le monde… et sur la consommation. Elle nous offre une chronique d’une grande sensibilité, qui jette un regard lucide sur la société qui l’a vue naître.