À New York, un jeune homme perd tous ses moyens lorsque sa présentation informatique devant des clients potentiels ne fonctionne pas ; un vertige le saisit, une crise de conscience dont il ne réussit pas à se débarrasser même une fois revenu à Montréal. Un homme d’âge mûr, travaillant dans une usine à peu de temps d’une retraite consentie au bout d’une vie tranquille, accompagne une collègue russe chez les fonctionnaires du gouvernement et y pète les plombs. Un étudiant chinois est terrifié à l’idée de mal commander un café. Ils sont nous, et ce nouveau texte de Nicolas Gilbert pose la question terrible de ce qui nous unit. Avec une touche de légèreté qui tient de la pudeur, l’auteur nous présente ces différents personnages entre lesquels se tissent des liens de l’ordre de l’amour, du respect, de l’humanisme et de la solidarité devant l’absurdité désincarnée de la recherche du profit ou de l’application mécanique des règlements. Suivant ces vies liées par un dénouement qui est tout sauf celui d’une intrigue, le lecteur traversera cet ouvrage en étant d’abord ému par la beauté de l’écriture. Chacun de ces parcours, aussi différents soient-ils, tiennent de la même humanité, que Gilbert suit avec un pas de danseur de ballet : aérien mais d’une précision redoutable. Un roman sans tambour ni trompette, mais jubilatoire par sa qualité d’âme. Une étape de plus dans l’itinéraire de cet écrivain décidément très fort.