Neurotica
RÉSUMÉ
Entre Anna et sa mère, rien ne va plus – mais ça n’a jamais bien été. Entre Papa et Maman, rien ne va non plus – mais ça cloche depuis la naissance d’Anna, depuis que Maman a sombré dans le trio infernal, alcool, sexe et drogue. Sonne alors l’heure de la séparation-pour-toujours. Pour éviter l’inévitable divorce de ses parents, Anna Ouellet, dix ans, est prête à se sacrifier sur l’autel familial, jusqu’à s’infliger aux yeux, petits miroirs de son âme terrifiée, des blessures irrémédiables. En convalescence à l’Hôtel-Dieu, elle cherche les mots pour comprendre comment sa vie a soudain dégringolé l’escalier de l’innocence. Afin de démêler sa « tête de nœud », elle devra sortir des oubliettes de sa mémoire les trésors et meurtrissures de son enfance : les balafres, traumas et morsures dans la Maison-du-diable, mais aussi les chansons d’ABBA, son ami Samson nu dans le Saint-Laurent, Barbarella, sa dactylo ROYAL bleue, les caresses « qui donnent chaud aux joues », la Télébrune où Papa, animateur vedette, lui fait signe depuis Radio-Canada et la « maladie des émotions » de Maman, que tout le monde, même Staréchos, croit folle à lier après qu’elle a graffité « LA TÉLÉ VOUS MENT » sur le beau front de marbre de la télévision d’État. Cette avalanche de sentiments et de ressentiments emportant la voix d’Anna forme et déforme une langue blessée mais jouissive, qui ébruite le ton grave, lucide de cette neurotica logée à Habitat 67. Mélanie Gélinas livre ici un deuxième roman accompli, qui fait battre le tambour du cœur.