Marie-Louise court dans la neige
RÉSUMÉ
Même si un tas d’idées s’agitaient dans mon esprit comme un banc de poissons pris dans un filet, j’évitais de penser à ma mère, qui avait menti pour nous placer ici, ma sœur Yvonne et moi. Ne trouvant pas d’orphelinat où se débarrasser de nous, elle avait déclaré aux sœurs du Bon-Pasteur, conseillée par sa chère amie Bernadette, la cruelle voisine, que nous vendions notre corps dans le but de nous faire plaisir. Elle prétendait que je me prostituais à treize ans ! Ma mère avait osé raconter des mensonges immondes pour se délester du fardeau que nous représentions à ses yeux.
Dans les années 1930, une femme qui désirait sa liberté ne pouvait l’obtenir qu’au détriment de sa réputation. Pour échapper à la tyrannie d’un homme, fût-il son époux, Marie-Louise se mettra toute une société à dos…
Son combat nous est raconté des années plus tard, alors qu’elle approche de la mort. Ce sont les souvenirs d’une enfance volée par le Québec urbain de cette époque, englué dans ses valeurs rurales, qui condamne sans chercher à comprendre, et qui tente de garder les femmes à leur place, c’est-à-dire dans le silence et l’immobilisme. C’est la condition sociale précaire, la pauvreté, le mari alcoolique. C’est l’histoire d’une « mère indigne » avant l’heure. C’est le pardon que lui accordera une de ses filles quand elle aura à son tour assez vécu pour savoir. C’est une fresque.
Tenez-vous-le pour dit : Marie-Louise court dans la neige, et tant pis pour le froid.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Mario Cholette a publié huit livres de poésie, dont Le temps des pierres, qui lui a valu d’être finaliste au prix Estuaire-Terrasses Saint-Sulpice en 2002. Il est cofondateur de la revue Gaz moutarde et des éditions du même nom, qui publient aussi la revue Exit. Animateur de nombreuses soirées de poésie, il a également participé à plus...