L’homme-canon
RÉSUMÉ
Quand son père, imparable vendeur d’assurance, annonce qu’il a gagné deux millions à la loterie, sa fille, qu’il appelle affectueusement « fistoune », sent que s’ouvre devant elle une fente dans le réel. Fantasque, original, alcoolique, anticonformiste mais aussi tout bonnement honnête, doté d’un sens farouche de la liberté, ce père va dérouler sous les yeux de sa fille une partie de sa nouvelle vie.
Mais la chance tourne et une encéphalite grave déjoue tous les plans d’avenir, maladie qui a parfois des airs de démence. À travers de pénibles hospitalisations dont l’évocation nous vaut de forts moments d’écriture – et du père et de sa fille –, cet homme hors du commun qui a déjà entrepris de traverser le fleuve à la nage sous le pont Pierre-Laporte et qui semble ne jamais devoir mourir, qui ressuscite même à la consternation des médecins qui l’avaient vu décliner rapidement, aura profondément marqué l’imaginaire de sa fille.
Ce qui distingue ce roman, c’est le regard que « fistoune » porte sur les agissements de son père. Au lieu de faire une évocation de sa destinée de père irrespectueux, elle s’engage dans une lecture de ses propres réactions face à cet homme unique que la félicité du hasard vient de combler. Car elle a su développer les outils pour traverser l’opacité nouvelle de la réalité paternelle emportée par cette manne soudaine, et bientôt emportée dans l’enfer de la maladie.
Cette troisième œuvre en prose, nourrie d’un matériau biographique certain qui classe le roman au registre des histoires incroyables mais vraies, confirme un univers personnel et une voix singulière qui s’impose à travers sa génération.