Les eaux glacées de l’Isar
RÉSUMÉ
« [J]’ai souhaité remonter le fil de mes débâcles non seulement pour témoigner de ce que c’est que de se retrouver au seuil de la grande nuit et pour tendre la main à ceux qui en reviennent – mes voisins d’obscurité –, mais aussi pour me libérer de son appel. Sculpter de mots cette hantise, la faire passer du côté du langage, ne me permettrait-il pas d’avoir sur elle une certaine prise ? Je me dis qu’en se trouvant là, noir sur blanc, ce n’est plus elle qui me guette de l’intérieur : c’est moi qui l’observe et la tient en bride, comme une bête à dresser. »
À la croisée du récit personnel, de la réflexion littéraire et de l’analyse sociohistorique, Les eaux glacées de l’Isar explore la question de la mort volontaire en liant une enquête intime sur les tentatives de suicide de l’autrice, une remémoration de ses disparus et des figures réelles ou fictives hantées, comme elle, par cette idée, de Flaubert à Édouard Louis, en passant par Bernanos. Sans jamais céder au pathos, Marina Girardin revient sur la mémoire traumatique et le silence des institutions, mais aussi sur la prévention, tout en déployant une réflexion vivante, fouillée et habitée, qui cherche à comprendre comment une parole peut émerger depuis l’expérience, et comment la littérature peut encore la soutenir.
Une contribution nécessaire, exigeante, informée, formellement réussie – et appelée à trouver une place importante dans le paysage intellectuel actuel.

