Le voyageur & la tour
RÉSUMÉ
Considéré comme un « ordonnateur de l’univers » en Mésopotamie, un « menteur » dans la Grèce de Socrate, un « interlocuteur des morts » dans la Rome antique, un « chercheur de vérité » dans l’Italie de la Renaissance, un « explorateur de l’interdit » à l’époque de la Contre-réforme espagnole, un « pêcheur de mémoire » selon l’Islam, ou encore un « danger pour la société » dans l’Amérique du maccarthysme, le lecteur est toujours un « produit » de la société à laquelle il appartient. De l’Europe humaniste à la Chine de la Révolution culturelle, en passant par l’époque des utopies communautaires des XVIIIe et XIXe siècles, Manguel propose une méditation sur la notion de citoyen-lecteur et sur l’importance de la lecture. Si celle-ci est indispensable au déchiffrement du monde, elle est également le lieu d’une grande solitude. Constamment tiraillée entre deux pôles – élan vers le monde, mais nécessaire isolement –, la représentation du lecteur se divise entre deux champs métaphoriques tout aussi antagonistes que communément partagés. L’image du lecteur-voyageur cohabite sans trop de heurts dans nos esprits avec celle du « rat de bibliothèque » ou de l’ermite dans sa tour d’ivoire. Pourtant, derrière ces images apparemment figées se cache tout un subtil réseau de significations, longuement tissé. En redonnant leur sens profond à ces métaphores qui s’inscrivent dans une histoire universelle des plus anciennes, cet ouvrage nous convie à un passionnant voyage au sein de l’imaginaire collectif.