Autrefois, peut-être, Balthazar se serait donné la peine de sympathiser avec ses voisins. Il leur aurait au moins souri, il aurait fait un effort pour répondre à leurs questions. Mais, depuis quelques années, il n’avait plus le même allant. La vie des autres ne l’intéressait pas. Et puis il y avait ces voix qui ne cessaient de s’agiter dans sa tête. Il y avait ce passé qu’il fallait contenir, ces souvenirs qui pullulaient. Dès qu’il relâchait sa vigilance, ils dévalaient vers lui comme un régiment de fourmis qui s’empare d’un cadavre pour le disséquer.

Un matin de novembre, Balthazar Brindamour arrive dans le village de Bournewood, sur la côte anglaise. Il y achète une vieille maison, au bord de la falaise de Sandy Head. On ne sait ni d’où il vient ni pourquoi il est venu s’installer à cet endroit. Secret, peu loquace, il éveille les soupçons des villageois. Jusqu’au jour où on l’aperçoit, devant l’escarpement, occupé à dissuader quelqu’un de se jeter dans le vide. Dès lors, on l’érige en héros. On le surnomme Soulcatcher. Une journaliste, Julia Morhange, a vent de l’histoire et cherche à le rencontrer, déterminée à décrocher une primeur. Balthazar résiste tout d’abord, puis se laisse apprivoiser. Cependant, ses intentions véritables demeurent opaques, tout comme celles de la journaliste.

Emmanuel Kattan offre ici une histoire dont le propos grave est habité par les deuils passés et à venir. Amour, famille et amitiés tissent la trame de ce roman. L’écriture, classique mais sensible, procure un grand bonheur de lecture.