Sur un lit d’hôpital, Milo, scénariste réputé, s’éteint doucement, victime du sida. Tout près de lui, Paul, l’homme qu’il a aimé, fait le portrait de son amant sous la forme d’un ultime scénario, multipliant flash-back, plansséquences, scènes-chocs et reconstitutions historiques. Pour ce faire, Paul plonge jusqu’aux racines de l’arbre généalogique de Milo. Retrouve son grand-père Neil, qui, en 1914, quittait l’Irlande pour le Canada sous les conseils de son ami, l’écrivain William Butler Yeats. Nous transporte dans le Montréal des années 1950 alors que Declan, fils de Neil, et Nita, une Amérindienne crie prostituée et héroïnomane, se rencontrent dans un bar de la rue Sainte-Catherine. Suit Milo, l’enfant bâtard et abandonné dès la naissance qui naîtra de ce couple, dans les premières familles d’accueil où il a échoué. Décrit les humiliations. Les violences. L’école. L’apprentissage. Du Québec de la Grande Noirceur aux événements d’octobre 1970, des retrouvailles avec la famille de son grand-père jusqu’à sa rencontre avec Paul, la vie de Milo se dessine sous nos yeux, marquée par les souffrances et les fulgurances, les tragédies, les amours et la littérature. Avec, en trame sonore, le rythme torride de la capeiro, cette « danse noire » afro-brésilienne longtemps interdite, art de l’esquive, de la grâce et de la force brute. Objet métissé comme l’est son inoubliable héros, Danse noire mélange les langues, les cultures, les histoires, dans un grand brassage d’images. Avec ce roman de la maturité, extraordinairement riche, Nancy Huston fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle.