Chaîne de montage
RÉSUMÉ
À Ciudad Juárez, ville frontière entre le Mexique et les États-Unis, bastion des cartels de la drogue et point frontalier parmi les plus passants de la planète, des centaines de femmes ont été assassinées depuis 1993, sans que ces morts atroces (viols, mutilations, strangulations) aient été ni élucidées ni, bien sûr, punies. Vivant dans des maisons de carton aux confins du désert, les victimes étaient employées dans des maquiladoras, des usines d’assemblage (pour femmes seulement) possédées par des multinationales, fonctionnant nuit et jour, et produisant vêtements et objets destinés à la consommation des Américains du Nord. Dans la pièce, une femme d’ici, aux prises avec les objets de son quotidien qui semblent tous l’accuser, crie sa révolte et sa colère, tentant de comprendre l’incompréhensible. Reconnue mondialement pour ses textes destinés aux jeunes publics, Suzanne Lebeau s’adresse pour la première fois aux adultes. Bouleversée par ce « fait divers », elle en fouille le contexte et le livre pêle-mêle, en un monologue heurté qui se garde bien de déterminer un coupable. Ce poème aux allures d’enquête et de manifeste constitue un éditorial assumé et vise à une prise de conscience politique autant qu’à un travail de mémoire, pour que ces mortes ne restent plus ignorées.