Madeleine et moi
RÉSUMÉ
L’œuvre du peintre Ozias Leduc (1864-1955) fascine Marc Séguin. Essentiellement dédié à l’art religieux, le « sage » de Saint-Hilaire aura peint au cours de sa vie une trentaine de lieux de culte : cathédrales, nefs d’églises, baptistères, chapelles… Il laisse aussi derrière lui une centaine d’œuvres d’inspiration personnelle, dont une Madeleine repentante, figure biblique souvent représentée au fil des siècles et qui foudroie Séguin lorsqu’il la découvre.
Durant un an et demi, le pèlerinage que ce dernier entreprend à travers des lieux de culte encore accessibles (église de Saint-Hilaire, Notre-Dame-de-laPrésentation à Shawinigan, baptistère de Notre-Dame à Montréal, église du TrèsSaint-Enfant-Jésus dans le Mile-End, archevêché de Sherbrooke, cathédrale de Saint-Charles-Borromée à Joliette…) se transforme rapidement en obsession pour l’œuvre de Leduc. Le récit de cette odyssée fabuleuse devient un exercice d’admiration unique et initiatique. Entre l’artiste décédé à quatre-vingt-dix ans et le « jeune » peintre cinquantenaire, un courant passe, qui n’appartient pas à l’Histoire de l’art mais à l’Art lui-même, au geste de faire, de créer, de broyer ensemble les pigments et les sentiments, de mélanger les huiles et les vents profonds de l’existence, alors que la raison perd ses nécessités, et la térébenthine, ses vapeurs toxiques.
Entre ces visites aux lieux saints, Séguin se trouve de forts moments d’atelier, au cours desquels naît la tentation de peindre une première Madeleine, puis une autre, puis une vingtaine, pour comprendre toute la sensualité qui anime celle peinte par Leduc, inspirée de Marie-Madeleine la pécheresse. Il cherche à retrouver la « main » de l’artiste, son geste de peindre sans peur et sans affect, dans la joie pure de l’acte libre de créer du vivant, de « résoudre l’équation du sens et de la beauté ». Il ressent aussi un besoin de commenter au passage la place du corps des femmes dans l’Histoire de l’art et dans notre monde contemporain transformé en culte de l’économie.
Jamais n’a-t-on été aussi près des pulsions profondes qui animent l’homme du territoire qu’est Séguin, qui crée et doute, doute et crée, dans une liberté terrible et sereine. La grande émotion qui traverse et transporte ce vibrant récit touche au cœur de l’art, là où résonne justement tout l’art du cœur.
ON EN PARLE
Marc Séguin relate ici le lien créatif qui s’est forgé entre lui et Leduc,
offrant par le fait même une incursion poétique et précieuse
au coeur de son processus créatif — des pulsions aux réflexions,
en passant par les inspirations. Un récit qui « touche au coeur de l’art. »
Frédérique Hébert-Dolbec, Le Devoir
À cette recherche, qui revêt ponctuellement les frasques de l’éditorial
et dont l’écriture en coups de pinceau se rebelle souvent contre la syntaxe,
se superposent une histoire de l’art du Québec et son intime liaison avec la religion,
qu’il est toujours bon de rappeler, ainsi qu’une incursion privilégiée
dans le processus créatif d’un artiste multidisciplinaire d’ici et ses paysages.
Florence Bordeleau-Gagné, Le Devoir
ENTREVUE
Il restera toujours la culture, ICI Première
La Presse
Lagacé le matin, 98,5 FM
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Artiste peintre réputé, Marc Séguin a aussi réalisé un film (Stealing Alice, 2016) et un documentaire (La ferme et son État, 2017), et publié des romans remarqués (La foi du braconnier, 2009 ; Hollywood, 2012 ; Nord Alice, 2015 ; Les Repentirs, 2017 ; Jenny Sauro, 2020). Son travail d’auteur lui a valu d’être finaliste à de nombreux p...