Trois fois ma vie
RÉSUMÉ
« Dehors, le soleil s’incline déjà. Je marche vers le métro en ayant une pensée pour les résidents, enfermés dans l’Ambassade depuis des semaines. Je prends la mesure de ma liberté, en me demandant ce que j’en fais. En me demandant si, jour après jour, je suis aussi libre que je peux l’être. »
À l’aube de l’âge adulte, Mathilde lutte contre l’anxiété et la sensation de ne pas être assez. Assez confiante, assez déterminée, assez vivante… S’interrogeant sur la place qu’elle devrait occuper dans le monde, elle se terre seule dans sa maison de banlieue, désertée par ses parents. Jusqu’au jour où elle tombe sur un reportage portant sur l’Ambassade, un hôtel désaffecté de Montréal converti en lieu d’accueil pour des réfugiés menacés d’expulsion. C’est l’électrochoc. Dès le lendemain, Mathilde s’y rend pour proposer ses services en tant que bénévole.
En peu de temps, la jeune femme découvre l’activisme, les manifestations, l’amour, le courage des exilés, l’intolérance, le feu des convictions qui réchauffe et brûle tour à tour… Peut-on traverser un tel condensé d’existence et en sortir indemne ?
Les grands thèmes du roman expliqués par Jean-François Sénéchal :
Les réfugié·es
Comment ne pas être troublé par toutes ces images de migrant·es qui prennent la route de l’exil pour assurer leur survie ? Ce qu’iels fuient est tout aussi troublant : catastrophes naturelles, guerres, misère économique… Mais mon trouble se transforme en indignation lorsqu’on accuse les migrant·es d’être à l’origine de tous les problèmes de nos sociétés. Ces mêmes sociétés qui profitent depuis si longtemps des inégalités entre l’Occident et les pays du Sud. Les enjeux auxquels nous faisons face sont complexes et globaux, et les expulsions et la construction de murs ne régleront strictement rien. Si des solutions existent, elles se trouvent dans l’établissement de plus de justice et d’égalité dans le monde, pas dans la simple fermeture des frontières.
L’extrême droite
La montée de l’extrême droite partout en Occident m’inquiète beaucoup. La peur, la haine de l’autre sont nourries et exploitées par certaines personnalités politiques à des fins populistes. Les réseaux sociaux ont pour effet de favoriser la propagation d’idées que je crois extrêmement dangereuses. Ces idées racistes ne sont pas nouvelles, et je me souviens d’y avoir été confronté à mon école secondaire, au début des années 1990, où sévissait un groupe de skinheads néonazis. Aujourd’hui, des mouvements du même genre, violents et suprématistes, se développent un peu partout en Occident. Avec mon roman, j’ai voulu dénoncer ces idées et ces actions soutenues par des groupes qui gagnent de plus en plus en influence.
La solidarité sociale
Sans doute que la meilleure façon de s’opposer au racisme et à la haine de l’autre, c’est de s’y opposer ensemble. C’est-à-dire : parler, écrire, manifester de façon solidaire pour faire valoir le respect de l’autre, la justice sociale et l’égalité des chances. Avec mon roman, j’ai voulu montrer le pouvoir de l’action collective, même si cela implique parfois de se battre contre des forces beaucoup plus grandes que les nôtres. C’est le pouvoir et la beauté de la solidarité sociale que mon héroïne, Mathilde, découvre à l’Ambassade. Et c’est l’action collective, aux côtés de migrant·es et de militant·es, qui a pour effet de transformer profondément sa vie.
L’avenir
La question des réfugié·es, et plus généralement de l’immigration, risque de devenir encore plus sensible dans les années à venir qu’elle ne l’est présentement; elle suscitera vraisemblablement des réactions de plus en plus polarisées. Avec ce roman, je voulais aborder de façon frontale ce grand enjeu du xxie siècle. Je voulais également montrer que l’espoir demeure, malgré tous ces problèmes (économiques, environnementaux, politiques…) qui donnent parfois l’impression d’une vraie fin du monde. Selon moi, l’espoir réside avant tout dans la volonté d’agir pour un monde meilleur, loin, très loin du défaitisme et du pessimisme ambiants. Et je souhaite que l’espoir et la volonté d’agir soient plus que jamais partagés par les jeunes d’aujourd’hui et de demain. Des jeunes à l’image de Mathilde, de Marco et d’autres personnages de Trois fois ma vie.
ON EN PARLE
L’écrivain se frotte une fois de plus à des sujets sensibles,
et on peut s’attendre à ne pas sortir indemne de cette lecture.
Yannick Marcoux, Le Devoir
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Fils de deux enseignants, Jean-François Sénéchal est né au milieu des livres. Après des études en anthropologie et quelques textes sur Haïti, il retourne à ses premières amours et se consacre à la littérature. Il a été plusieurs fois en lice pour le Prix Jeunesse des libraires du Québec, qu'il remporte avec Au carrefour. Pour ce dern...