Portraits d’un suicidé
RÉSUMÉ
Quarante-cinq ans après son suicide dans les jardins du collège Villa Maria à Montréal, Hubert Aquin continue de fasciner par son parcours flamboyant et son intelligence littéraire. Le geste radical posé par l’écrivain le jour des ides de mars était sans appel, selon les derniers mots laissés à sa compagne Andrée Yanacopoulo : Aujourd’hui, le 15 mars 1977, je n’ai plus aucune réserve en moi. Je me sens détruit. Je n’arrive pas à me reconstruire et je ne veux pas me reconstruire. C’est un choix. Je me sens paisible, mon acte est positif, c’est l’acte d’un vivant. N’oublie pas en plus que j’ai toujours su que c’est moi qui choisirais le moment, ma vie a atteint son terme. J’ai vécu intensément, c’en est fini.
L’événement tragique a occasionné une multitude de discours. Entre le 16 mars 1977 et le mois d’octobre 1978, pas moins d’une soixantaine de textes parus dans les médias écrits québécois se sont efforcés de saisir, voire de circonscrire le phénomène Aquin : sa vie, son œuvre, sa mort deviennent un tout qui se doit subitement de prendre sens.
Plus qu’une simple nouvelle, la mort d’Aquin s’apparente à un réel événement, dont l’ampleur est sans précédent dans le champ culturel québécois.
Avec brio et grand discernement, François Harvey analyse et décortique ces nécrologies, hommages et témoignages, lieux premiers de la fixation d’une « image » où Aquin apparaît dans toute sa splendeur, tous consacrant à nouveau le « monument » littéraire qu’il était devenu en bonne partie de son vivant.
L’ouvrage comprend une longue présentation-analyse, suivie de cette soixantaine de textes commémoratifs.